Rapa Nui ou encore île de Pâques de son nom européen est l'une des terres les plus isolées au monde. Elle se trouve à 3.525 kilomètres des côtes chiliennes et à 4.256 kilomètres de Tahiti. L’île habitée la plus proche est l’île de Pitcairn à 2.078 kilomètres à l’ouest.

L’île de forme triangulaire, d'environ 23 kilomètres dans sa plus grande dimension, couvre environ 164 Km2. Pour avoir une comparaison, c'est 2 fois la surface de l'île de Ré ou l'équivalent de la ville d'Aix-en-Provence.

Le nom « européen » de l'île est dû au Hollandais Jakob Roggeveen qui y accosta au cours d'une expédition pour le compte de la Société commerciale des Indes. L'imagination ne devait pas être son point fort, car il la découvrit le dimanche de Pâques 1722 et il ne chercha pas plus loin.

L'île est d'origine volcanique avec trois cônes principaux éteints : Un à chaque bout du triangle : le Poike, le Rano Kau et le Terevaka et il y a environ 70 cônes secondaires sur l’île.

La profondeur de l'océan augmente rapidement lorsque l'on s’éloigne des cotes pour atteindre -3.000 m à 15 kms du bord.

Depuis sa formation, l’ile s’est déplacé de 350 kms vers le Chili.

Une si petite île pour autant de mystères, de fascination et une si grande renommée à travers le monde.

Départ dans la nuit de l'aéroport de Faa’a.  Malgré l'heure plus que matinale (3H00 du matin), je suis toute excitée de découvrir cette île. On retrouve Alicia et Rodolphe dans la salle d’embarquement.

Arrivée à 13H00 à l'aéroport international de Mataveri. Pour la petite anecdote la piste d'atterrissage est sans commune mesure avec la taille de l'île. En effet, en 1970, dans le cadre d'accords avec le Chili, la NASA a procédé à l'agrandissement de l'aérodrome de Mataveri, pour permettre un atterrissage d'urgence des navettes spatiales ! Ainsi tous les gros porteurs peuvent atterrir sur l'île.

La seule et unique ville de l'île s'appelle Hanga Roa. Notre pension, Rapa Nui Orito est charmante. Un très beau jardin et des chambres confortables.

La pension est un peu excentrée mais nous avons loué un petit 4X4 jimmy suzuki (il n’y a presque que ça à la location) qui nous a bien trimbalé toute la semaine. « Redoutable franchiseur capable de monter aux arbres » dixit le magazine de voiture de Stéphane (on a des lectures intellectuelles en vacances…)

 La question du peuplement de l'île de Pâques  a longtemps fait débat car s'il était constaté de très nombreuses similitudes ethniques et linguistiques avec les Polynésiens, se posait la question de la ressemblance des moaïs avec la statuaire incas. Par ailleurs, de quand datait les débuts de la civilisation pascuane ? Certains ont même fait un rapprochement avec la fabuleuse et antédiluvienne civilisation de l'Atlantide...

Les progrès de la science ont pu éclaircir certains points : Des analyses génétiques ont confirmé l’hypothèse d'une ascendance principalement Polynésienne , sans doute en provenance des îles marquises. S'y s'ajouterait ultérieurement un apport mineur d'éléments venus d'Amérique du sud.

Par ailleurs, la datation au carbone 14 révèle que les premiers Pascuans, ne sont arrivés sur place qu'aux alentours de 600 après J.-C.

Sur le site de Vinapu l'ajustement des pierres du ahu sorte de terasse en pierre qui supportait les maoïs (l'équivalent du marae en polynésie) a fait fantasmé plusieurs archéologues car il ressemble à ceux du Machu Picchu.  Du coup j'ai bien envie d'aller faire un tour au Pérou pour faire la comparaison moi même !

Au début du XVIII ème siècle, une série de catastrophes naturelles font que les tribus n'ont plus confiance dans le mana des moaïs qui sont censés incarner les ancêtres protecteurs et nombres de statues sont renversées.

Ici tous les moaïs ont été jeté à terre et n’ont pas été relevé. Ça fait un drôle d’effet de croiser quelques têtes à moitié enterrées.

Tous les moaïs sont dos à la mer et tournés vers le village, sauf les moaïs du ahu Akivi. C’est le seul alignement de moaïs tournés vers la mer et regardant dans la direction des Marquises. Il représenterait les 7 explorateurs  envoyés par le roi Hotu Matu’a pour découvrir une nouvelle terre.

On souhaitait faire au moins une visite guidée de l’île car au delà des livres sur le sujet c’est toujours intéressant de faire une balade avec un guide. Grace à Rodolphe et Alicia qui avaient eu des conseils avant de partir d’une amie, nous avons fait un tour privé (il n’y avait que nous 5) avec Cathy. Cathy est suisse (précision importante car elle parle français !)  et anthropologue, elle est marié avec un pascuan. Elle est passionnante et intarissable sur la culture pascuane. Nous avons pu lui poser toutes les questions qui nous passaient par la tête (surtout moi… ).

Un de mes coup de cœur ici : Rano Raraku c’est la carrière où ont été sculpté la presque totalité des moaïs. De ci de là des moaïs en cours de finition à moitié enterrés. Le site est vraiment enchanteur.

Les moaïs sont basés sur le culte des ancêtres protecteurs et du mana (la puissance de l'esprit). Au fur et à mesure des années, ils sont devenus aussi le symbole de la puissance des tribus. C'est pourquoi les sculptures sont de plus en plus grandes pour atteindre des tailles gigantesques. La statue la plus grande qui est encore à l'état d'ébauche dans la roche aurait mesurée 22 mètres et pesée dans les 180 tonnes ! Force est de constater qu'il s'agit d'un trait de caractère bien ancré chez l'homme (plutôt masculin) pour savoir qui aura la plus grosse… statue bien sur.

On peut voir des moaïs de tous les types allant de la période archaïque avec une tête plutôt ronde, puis une tête trapézoïdale et enfin de plus en plus allongée et stylisée. L'art moderne du Moaï !

Les moaïs étaient commandés par la famille à la mort d'un proche parent. La famille devait entretenir l'équipe de sculpteurs le temps de l’achèvement du moaï. Les moaïs étaient débités à flanc de falaise tête bêche. Puis grâce à un système de poulies, ils étaient acheminés plus bas pour les finitions.

Une fois terminé, le moaï partait rejoindre le village qu'il l'avait commandé.

Les exploits en matière de construction de « nos ancêtres » ont souvent posé questions. Ainsi en est-il du transport des blocs de pierre pour la construction des Pyramides égyptiennes, des pyramides incas,  il en est de même pour le transport des moaïs.

Selon certains, les moais auraient été transportés allongés sur des rondins de bois ou couchés et tirés sur un traineau en forme de radeau.

Toutefois selon la tradition orale pascuane, les Moais auraient marchés pour rejoindre leur lieu de garde. Derrière ce mythe se cache un fonds de vérité selon les professeurs Terry Hunt et Carl lipo.

En effet les Pascuans auraient déplacé les monolithes verticalement, en les faisant pivoter sur leur base à l'aide de cordes. Cette théorie est confortée selon eux par le fait que dans la tradition polynésienne le mana est conservé dans la tête, couché le moai reviendrait à perdre du mana. Par ailleurs, cette méthode n'étant pas très sure, cela expliquerait pourquoi on trouve une multitude de moaïs par terre le long des chemins.

Il y a un documentaire très intéressant sur le sujet : Lien ici

Au loin on aperçoit le magnifique site de l'ahu Tongariki.