Publié le 5 Octobre 2020
Nous avons une semaine de vacances devant nous et on se décide un peu au dernier moment vu la situation sanitaire du moment. Ce sera donc Raiatea ou l’île sacrée, reconnue comme le « centre du triangle polynésien (Nouvelle-Zélande - Hawaï - Ile de Pâques). Elle avait dans l’ancien temps un important rayonnement culturel, religieux et politique dans le monde polynésien. Ainsi le marae de Taputapuatea a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 2017 en ce sens qu’il « illustre de manière exceptionnelle 1 000 ans de civilisation mā’ohi ».
L’île se situe a environ 200 kms de Tahiti. Elle fait partie du groupe des îles de la Société et plus particulièrement du groupe des îles sous le vent.
C’est une île moins touristique que d’autre, car elle ne possède aucune plage. Elle attire donc beaucoup moins de voyageurs. Raiatea signifie en tahitien « ciel clair et dégagé ». Ce qui n’a pas été vraiment notre cas, puisque nous avons eu de la pluie et du ciel lourd et gris pendant tout notre séjour. Qu’a cela ne tienne, nous avons quand même passé de très agréables vacances.
Raiatea partage le même lagon que l’ile de Taha’a. Il y a plusieurs millions d’années c’était en fait la même île. Suivant où l’on se trouve sur l’île, on peut apercevoir Bora-Bora d’un côté et Huahine de l’autre qui sont vraiment 2 îles toutes proches.
J’avais loué une petite maison sur Air bnb situé en bord de lagon dans la baie de Fafao. Le dégradé de gris a un certain charme et j’ai apprécié bouquiner sur la terrasse en levant de temps en temps la tête pour voir l’océan. Le seul problème c’est que manifestement les moustiques ont les mêmes goûts et ils nous ont tenus compagnie pendant toute notre séjour la-bas. Heureusement j’avais mon chasseur personnel. Gaétan, armé d’une raquette électrique poursuivait ces derniers.
Manu et Kalei les propriétaires de la petite maison que j’ai louée vivent sur le même terrain et ils nous ont prêtés des vélos. Nous sommes donc partis pour découvrir les environs. Nous avons fait du vélo presque tous les jours en fin d’après-midi.
La marina d’Apooiti ; Malgré le temps gris, il fait vraiment très chaud et on pique une tête.
Aujourd’hui j’avais réservé pour faire une excursion en kayak sur la seule rivière navigable de Polynésie la rivière Faaro’a. Malheureusement il pleut des trombes d’eau et nous avons préféré annuler. On décide donc de découvrir Raiatea en faisant le tour en voiture en comptant sur la chance et que ça se découvre un peu. Le tour de l’île fait quand même 98 kms, c’est grand pour la Polynésie.
Je voulais m’arrêter visiter le marae de Taputapuatea mais le mauvais temps a repris de plus belle, ne nous laissant d’autres choix que de rentrer à la maison.
Journée jet ski autour de Raiatea. Il n’y a que nous. Au programme, plusieurs arrêts sur différents motu et pique-nique au sud de Raiatea.
Un motu est en fait une petite île qui se trouve sur la barrière récifale. On peut en trouver de dimensions variables, de quelques mètres jusqu’à quelques kilomètres. Quand ils sont entrecoupés de chenaux, on parle alors de Hoa. Ils sont assis sur un soubassement de conglomérat récifal et ils sont composés de matériaux coralliens amenés au grès des houles ou des tempêtes.
Le temps est toujours au gris, mais on se dit que ça ira mieux sur le lagon. On rejoint donc pour un premier arrêt le motu public de Ofetaro.
Mais la houle a commencé à se lever. C’était plutôt drôle de conduire le jet en se prenant des paquets de seaux d’eau dans la tête. Jeremy, notre guide a préféré rentrer et il nous a proposé de faire plutôt 2 demi-journées qu’une journée entière. Ce qui au final n’était pas plus mal.
Nous avons mangé dans la petite ville d’Uturoa. Elle compte 3700 habitants. Et elle est le centre administratif des îles sous le vent.
Et il y a même une petite trésorerie ! Pour moi les plus beaux locaux de la DGFIP avec une vue mer imprenable. Nous sommes d’ailleurs rentrés faire un petit coucou aux collègues.
Le lendemain on prend les mêmes et on recommence. Cette fois ci le temps semble plus clément. On file à toute allure sur le lagon. C’est grisant. On s’arrête par deux fois voir un groupe de dauphins qui s’amusent.
Sur la montagne, on peut apercevoir quand il pleut des dizaines de cascades.
Le motu Diana Ross, surnommé ainsi car il appartenait à son mari. Avis à ceux qui veulent investir il est en vente actuellement à je crois 6 millions d’euros.
Un arrêt sur un tout petit motu public : Punaeroa. Il se situe juste en lisière de la passe du même nom au sud-ouest de Raiatea et il est soumis à des vents et des courants très forts. Afin de le consolider, de nombreux arbres ont été plantés par une association.
Mais l’érosion gagne du terrain. On voit bien l’effondrement du sol tout le long. Afin de conforter le site, des gros rochers ont été amenés pour limiter l’impact de la houle.
On reprend nos montures pour glisser jusqu’au grand motu de Nao-Nao qui se situe complètement au sud de Raiatea. Beaucoup plus grand que le précédent, il fait 27 hectares. Il a été racheté pour partie par un riche américain qui a construit quelques petites villas.
Normalement les îlots sont inconstructibles pour un usage privé, mais il est toujours possible de construire pour un usage professionnel dans la cadre d’activité touristique. Ainsi une manière de contourner la loi est de faire construire et de proposer les maisons à la location. Les prix sont en général relativement conséquents pour éviter de trop nombreuses locations ; et cela devient des maisons secondaires pour quelques riches privilégiés.
C’est ici que l’on va pique-niquer. Décidément nous n’avons vraiment pas de chance avec le temps. Nous mangeons avec une fine pluie. Une fois avalée mon sandwich je vais faire un tour sous l’eau avec Gaétan. Stéphane préfère rester sur le bord, il trouve l’eau trop froide en ce moment. Elle n’est qu’à 27° !
Balade sous marine très agréable en dérivante. On se laisse porter par le courant. Et j’ai la chance de suivre un banc de poissons. Le ballet que réalisent les poissons est particulièrement beau.
Depuis notre arrivée en Polynésie, nous avons constaté que les algues proliféraient beaucoup plus qu’en Nouvelle-Calédonie. Du genre Turbinaria ornata, elles sont en général en compétition avec les coraux pour la lumière. On voit bien sur la photo, qu’elles ont envahi les paysages sous marins.
Cette algue est apparue en 1985 dans les Tuamotu du nord vers Rangiroa et a rapidement colonisé toutes les autres îles.
Selon une étude réalisée par Mayalen Zubia, le constat est assez alarmant. Depuis les années 1980 il y a une prolifération massive de ces algues. On est passé d’une structure dominée par les coraux à celle dominée par les macroalgues. Pour lutter contre ce phénomène, elle propose notamment une valorisation industrielle de ces algues très invasives.
Retour sous la pluie. Il faudra se faire une raison, pas un jour sans avoir eu de la pluie et du ciel gris. Mais Gaétan a pu conduire le jet ski pendant quelques minutes. Les avantages d’avoir un immense lagon avec presque personne.
Ah si une maison !
Aujourd’hui balade en bateau autour de Taha’a aussi appelée l’île vanille en raison des nombreuses cultures de vanille. Nous sommes les seuls sur le bateau. Nous partons donc en croisière privée pour la journée. Comme les autres jours le temps est nuageux.
En chemin un tout petit îlot. Notre capitaine pour la journée nous explique qu’ils viennent ici pour faire la fête. Au moins il n’y a pas de nuisances sonores pour le voisinage.
On peut apercevoir la plage du chanteur Joe Dassin qui n’a même pas pu en profiter car il est mort avant.
Nous croisons le Taporo VII. Pour mémoire nous avions dû faire le retour à son bord vers Tahiti, car il y avait une gréve d’Air Tahiti et nous étions bloqués sur Huahine. Notre nuit s’apparentait à un tour dans une machine à laver. Nous étions complètement lessivés à notre arrivée !
Notre premier arrêt est pour la distillerie artisanale de Rhum de Pari-Pari. C’est un projet qui date d’une dizaine d’année. Il s’agit de Rhum agricole avec 6 variétés de canne à sucre endémiques. A l’occasion de cette visite j’ai appris que la canne à sucre était originaire d’Asie et qu’elle faisait partie des plantes amenées avec les austronésiens. C’est le capitaine Cook et le capitaine Blight qui redécouvrent cette plante en Polynésie au XVIII ème siècle et l’importe dans les Antilles. La culture de la canne à sucre a ensuite complètement disparu pendant de nombreuses années. Elle est remise à l’honneur aujourd’hui avec plusieurs rhums en Polynésie française. Lien pour aller voir le reportage (Polyénsie 1ere).
Bon la dégustation à 9H30 du matin met en forme pour la journée.
On apprécie le tour en bateau.
On reprend notre bateau pour aller jeter l’ancre prés du motu Tautau pour aller se balader dans le jardin de corail, enfin je dirais plus l’aquarium, car il y a beaucoup de poissons et très peu de coraux. Ici aussi c’est une dérivante. Nous remontons le motu sur le côté et on se laisse porter par le courant jusqu’au bateau pour redescendre.
Prochain arrêt, visite une ferme perlière.
La culture de la perle en Polynésie commence en 1962 avec des essais de greffe. Les anciens polynésiens connaissaient bien l’huître perlière mais pour l’utilisation de la nacre comme armes ou comme bijoux. C’est à partir de 1980 que la perliculture prend un considérable essor.
Deuxième ressource du Pays après le tourisme, la perle brute représente 60% des recettes d’exportation en produits locaux de la Polynésie française en 2018. L’exportation des perles se fait principalement à destination de Hong Kong et du Japon en représentant 94 % du marché. Avec la crise de la COVID 19, le secteur de la perliculture comme beaucoup d’autres secteurs se retrouvent en grande difficulté.
En attendant c’est assez impressionnant de voir l’ouvrier travailler pour extraire les perles. Ce que ne retranscrit pas la photo, c’est qu’il fait preuve d’une dextérité et d’une rapidité assez impressionnante.
La qualité de la perle dépendra de la pureté de la surface, sa couleur et sa brillance. Il existe une classification internationale.
Pique nique sur un motu privé. Le motu appartient pour partie à l’oncle de notre capitaine. Dommage que le temps soit aussi gris. Les couleurs doivent être éclatantes par grand soleil. !
On apprend à faire du lait de coco. La première étape c’est le débourrage de la coco sur un pieu. Après on racle la pulpe. Et c’est plus difficile qu’il n’y paraît. Ensuite on prend un filet et on presse les copeaux. Les anciens polynésiens qui n’avaient pas de filet avec eux utilisaient l’écorce des cocotiers. Inutile de dire que le goût est vraiment différent du lait de coco en boite. Il est beaucoup plus savoureux.
Au menu : brochettes de thon à l’ananas, avec du uru et poisson cru à la tahitienne. En dessert quelques fruits découpés avec en boisson une coco fraîche.
Dernier arrêt de la journée, une incursion dans la vallée de la vanille
En 2018, la Polynésie française exporte 12,5 tonnes, une niche donc, qui se concentre sur le marché de la gastronomie. Le prix de cette épice reste élevé. C’est la deuxième épice la plus chère au monde après le safran.
Pour la culture de la vanille, il faut un climat chaud et humide. C’est donc parfait en Polynésie. C’est un travail de précision et de patience car chaque fleur est mariée à la main pour obtenir une gousse de vanille. Comme nous l’a expliqué notre guide, ce qui différencie la vanille de Tahiti par rapport à la vanille de Madagascar c’est qu’elle reste charnue et ne se craquelle par à maturité. Elle est très odorante et ça embaume dans l’exploitation.
Sur le chemin du retour, quelques requins prés de la barrière récifale.
Notre séjour sur Raiatea prend fin. Avant de prendre l’avion, nous allons faire un rapide tour au jardin botanique de Faaroa qui vient d’ouvrir en février 2020. Bon encore du ciel gris, décidément nous n’aurons pas de soleil ; alors que normalement nous sommes en saison sèche !!!
En résumé, malgré des conditions météo plutôt mauvaises, nous avons beaucoup apprécié notre passage sur l’île sacrée. Il faut qu’on revienne pour visiter le Marae de Taputapuatea, faire la randonnée au mont Temehani pour voir la fameuse fleur endémique de l’île et un tour en pirogue sur la rivière Faaroa. Il y a donc encore pleins de choses à faire.